La critique de PACIFIC RIM [2D] en attendant le Blu-ray !

En attendant la sortie de Pacific Rim en DVD/Blu-ray le 20 novembre 2013, voilà la critique !

Guillermo del Toro. Kaiju Eiga. Une combinaison qui a affolé la sphère internet depuis l’annonce de ce projet monstre. Le porte étendard (enfin, l’un d’eux) de toute une sous culture, autrefois conspuée, aujourd’hui markétée, se retrouvant aux commandes d’un blockbuster à 200 patates promettant un spectacle sommaire mais inédit: tout était là pour que le fantasme ultime du geek se concrétise à l’écran. Simple commande, film cathartique pour son réalisateur après 5 années d’échecs passées à monter des projets qui lui tiennent à cœur (The Hobbit et At the Mountains of Madness) ou grosse boursouflure estivale ? Tentative de réponse.

Derrière cette «fausse» adaptation d’Evangelion (je vous l’accorde, c’est bien vite résumer le film) se cache donc le retour de Guillermo del Toro, un peu parachuté sur ce projet qu’il décrivait comme «nécessaire pour combler son besoin de filmer». L’homme au 300 projets simultanés a décidé de rendre hommage à tout un pan de la culture populaire nippone que ce soit l’animation, les jeux vidéo ou plus simplement le cinéma de monstres et ce dès la première bobine. Nous mettant d’entrée dans le bain avec un fight de 10 minutes en pleine mer qui a le mérite de rapidement présenter le héros ainsi que l’approche générale du cinéaste : ces choix de réalisation, notamment les choix d’axe, de découpage et de montage nous présentent l’œuvre d’emblée comme un anti-transformers (et c’est un fan absolu de la saga de Bay qui parle). Le découpage est pensé EN FONCTION de la chorégraphie du combat et non l’inverse, choix visible dans la trilogie de Bay (sauf peut-être dans le second opus, lors du combat dans la forêt). Des choix de réalisation tout à fait logiques et en adéquation avec les designs des protagonistes dont les mouvements sont créés par des animateurs et non pas le résultat de motion capture, conférant un rendu trop humain aux mouvements des machines. En résulte une force d’inertie rendue à la perfection (attendez de voir la puissance des patates rendue à l’écran) donnant aux affrontements une réelle dimension titanesque que l’on avait entraperçue lors de la scènes entre géants dans The Hobbit.

Pacific Rim 2

En matière d’effets spéciaux, ILM prouve une fois de plus qu’ils n’ont rien à envier à WETA et qu’ils sont toujours les numéros 1 de la profession. Le rendu des différentes textures, environnements et incrustations est hallucinant, rendant justice au chef’op Guillermo Navarro et son travail sur les couleurs, compositions et effets de lumière (sans flares cache misère) malgré des environnements exploités uniquement de nuit. Et il est bon de voir des COULEURS après 10 ans de blockbusters monochromatiques nantis de photos dégueulasses «pour faire réaliste»… Techniquement, c’est donc l’éclate totale avec un production design aux petits oignons pour tout ce qui concerne les équipements et environnements, à savoir les Jaegers, les cockpits, les armures à la Vanquish, ou encore l’énormité du hangar à Hong- Kong offrant ce qu’on a vu de plus beau depuis celui d’Avatar ou le quai de Zion dans les Matrix. Mais pouvait-il en être autrement avec Del Toro ?

Pacific Rim 1

Nous avons donc devant nous une œuvre qui visuellement et techniquement tient ses promesses de «jamais vu», des combats homériques qui nous laissent sur les rotules (la scène à Hong-Kong est juste le plus gros morceau de bravoure SF depuis Starship Troopers et son attaque du fort) le tout intégré dans un scénario certes basique au premier abord mais qui parvient tout de même à laisser transparaître les thèmes de prédilection de son réalisateur. Par exemple, le pouvoir de l’imaginaire est un des éléments essentiels au pilotage des Jaegers et à la survie des pilotes, la notion d’équipe prime sur l’individu, notion de plus en plus rare dans un blockbuster, ou encore des idées très Miyazaki-esque sur le traitement de la planète par les humains et la bêtise inhérente à cette espèce (la construction du mur par exemple). Des idées folles, plus ou moins bien exploitées comme le marché noir, le pont neural, des Jaegers bien différents (celui des triplés !) même si sous exploités, le tout dans une ambiance légère, généreuse et un plaisir communicatif rare en cette époque de héros torturé, cynique, névrosé ou réalistico-dépressif.

Pacific Rim 5

Alors oui, la structure du film semble bancale à certains moment, à cause des personnages comiques malheureusement pas drôles, à la limite de l’insupportable (le scientifique joué par Charlie Day) et un peu trop présent, un Ron Perlman qui surjoue à fond, et des personnages se résumant au stéréotype de base, avec les mêmes schémas relationnels (relation père/fils sommaire, place du chien, rédemption par le sacrifice….). Seul Rinko Kikuchi et Idris Elba, et dans une moindre mesure Charlie Hunnam, donne un minimum d’épaisseur à leur personnage, certes archétypaux, mais suffisamment traité pour être crédible. Là où le bas blesse, c’est surtout du côté des Kaijus: outre les designs qui n’évoluent guère (ils sont juste de plus en plus gros et forts) ayant la personnalité d’un punching-ball, c’est surtout l’absence du fameux amour pour les monstres si cher au réalisateur qui est étonnante (ne vous attendez pas à une scène chargée émotionnellement comme celle de l’élémental dans Hellboy 2). Une vraie déception de ce côté-là. Dernier point fâcheux, une musique de Ramin Djawadi complètement horripilante et très présente. Étrange choix de la part de Guillermo del Toro qui a toujours apporté un grand soin à la musique de ses films en choisissant des compositeurs comme Beltrami, Navarette ou Elfman.

En conclusion, Pacific Rim n’est pas l’oeuvre ultime de Del Toro car il s’agit avant tout d’une commande de studio, ce qui implique forcément un léger formatage. Malgré cela, il impose sa patte visuelle et son savoir faire technique couplés à sa générosité habituelle, faisant de Pacific Rim le meilleur blockbuster de la saison : un vrai film fun, léger, humain et décomplexé proposant un spectacle unique qui concrétise à l’écran un rêve de gamin. Une sorte d’idéal de divertissement estival que l’on croyait perdu depuis plusieurs années (depuis Hellboy 2 ?).

Pacific Rim 3

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